La malédiction de la Genèse - Extrait et questions

Modifié par Estelledurand

L’homme, condamné au labeur dans la Genèse à la suite du péché originel, n’a plus besoin de gagner son pain à la sueur de son front, dès lors que des machines peuvent fournir cet effort à sa place : la technique nous libère de la condamnation divine, en nous libérant de la pénibilité du travail.

Cela nous donne dès lors du temps libre, qui n’est pas asservi aux conditions naturelles (vêtements, chauffage, éclairage nous permettant de nous en affranchir).

L’existence humaine n’est ainsi plus absorbée par la recherche de moyens de subsistance. Il s'agit de vivre, et non plus seulement de survivre : la technique nous libère et fait de la place pour d'autres dimensions de l'existence (esthétiques, artistiques, scientifiques, etc.).


Extrait : 

01 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : "Alors, Dieu vous a vraiment dit : 'Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin' ?"

02 La femme répondit au serpent : "Nous mangeons les fruits des arbres du jardin.

03 Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : 'Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.'"

04 Le serpent dit à la femme : "Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !

05 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal."

06 La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea.

07 Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils s’en firent des pagnes.

08 Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour. L’homme et sa femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin.

09 Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit : "Où es-tu donc ?"

10 Il répondit : "J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché."

11 Le Seigneur reprit : "Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ?"

12 L’homme répondit : "La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé."

13 Le Seigneur Dieu dit à la femme : "Qu’as-tu fait là ?" La femme répondit : "Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé."

14 Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : "Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.

15 Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon."

16 Le Seigneur Dieu dit ensuite à la femme : "Je multiplierai la peine de tes grossesses ; c’est dans la peine que tu enfanteras des fils. Ton désir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi."

17 Il dit enfin à l’homme : "Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie.

18 De lui-même, il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs.

19 C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras."

20 L’homme appela sa femme Ève (c’est-à-dire : la vivante), parce qu’elle fut la mère de tous les vivants.

21 Le Seigneur Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit.

22 Puis le Seigneur Dieu déclara : "Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous par la connaissance du bien et du mal ! Maintenant, ne permettons pas qu’il avance la main, qu’il cueille aussi le fruit de l’arbre de vie, qu’il en mange et vive éternellement !"

23 Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il travaille la terre d’où il avait été tiré.

24 Il expulsa l’homme, et il posta, à l’orient du jardin d’Éden, les Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant, pour garder l’accès de l’arbre de vie.

La Bible, Genèse, III, 1-24.


Questions

1. Lisez ce texte, et particulièrement les versets 16 à 24 : dans la malédiction divine, comment est présentée la condition terrestre à venir des hommes et des femmes ?

2. Quelle signification attribuez-vous à la relation établie entre cette malédiction d'une part et la connaissance du bien et du mal d'autre part ?

3. Dans quelle mesure les progrès techniques accomplis par l'humanité dans son histoire sont-ils ou non une libération par rapport à ces malédictions ?


Lucas CRANACH, La Tentation, 1526.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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